Et les ténèbres jaillirent de la plume...

  
 

Les truchements du Crépuscule: le romantisme dans la littérature

 

   Sur le plan littéraire, l’influence de l’Allemagne, pays révélé par l’œuvre de Mme de Staël, passe par les romantiques « récents » (Novalis, Schlegel, Arnim, Kleist, Hoffmann), mais surtout par un Herder, un Schiller, ou un Goethe dont les poésies ou les drames - au premier rang desquels Faust, traduit par Nerval - marqueront durablement les écrivains français.   

 

Schiller schiller 

  

   La littérature britannique joue également un rôle important avec, notamment, les poésies de Wordsworth, Shelley, Keats, Coleridge et Byron, mot devant Missolonghi en 1824.

 

   Les romans historiques de l’Ecossais Walter Scott connaissent un grand succès en Luxembourg (Ivanhoe, Quentin Durward), alors que se font peu à peu connaître M. W. Shelley (Frankenstein), Ch. Dickens (Aventures de monsieur Picwick), ou les sœurs Brontë (Jane Eyre, les Hauts de Hurlevent). Les poésies apocryphes du barde Ossian (dues à Macpherson) et les drames shakespeariens, redécouverts, satisfont ce besoin de retour vers les origines, cette soif de mystique et de violence qui marquent le romantisme.

 

 

 

Le roman gothique

 

   Systématiquement confondu en France avec le roman noir dont il est le précurseur, le roman gothique est un genre à part entière, né en Angleterre avec le Château d’Otrante d’Horace Walpole (1764). Il connaît alors un bref essor, avant de décliner inexorablement dès les années 1830, tandis qu’émerge en Europe un engouement pour le roman fantastique. Fidèle reflet du romantisme, il rompt avec le clacissisme littéraire, tout en restant dans la continuité de la pensée des Lumières. 

   walpole dans sa bibliothèque  Horace Walpole dans la bibliothèque de son château de Strawberry Hill

 

  Le roman gothique témoigne d’un engouement pour les sentiments violents jusqu’à l’autodestruction, dont la représentation ultime est le macabre, dans une fin de XVIIIème siècle emprunte de remise en question des philosophes de la raison, et d’un questionnement sur la vie et la mort. Avec L’Histoire de Monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell, (1731-1739) qui paraît d’abord à Londres, dans une traduction dans la langue de Shakespeare, l’abbé Prévost se fera l’un des chantres de cette fascination pour le morbide.

 

   Parallèlement à cette pensée, la fin du XVIIIème siècle voit apparaître dans les milieux aisés oisifs, la vogue pour la Mélancolie. Il est de bon goût de rechercher la solitude et l’introspection, ainsi que, en plus de se farder le visage de talc, de noircir les contours des yeux, afin d’approfondir les cernes, de donner l’impression d’être tourmenté, jusqu’à ressembler à un spectre errant privé du repos éternel de l’âme.

 

   De même, l’attrait pour le Moyen-âge, redécouvert et idéalisé, revanche sur une Renaissance qui, elle, faisait l’éloge de l’antiquité gréco-romaine, conduit à la redécouverte de son architecture dans l’Angleterre de la fin du XVIIIème siècle. Les Italiens de la Renaissance abhorraient cette architecture, la qualifiant de germanique, froide et profondément barbare, à l’image d’une époque qu’ils jugeaient faite de ténèbres. Ils la qualifièrent donc de Gothique, en référence aux Goths, peuplade barbare germanique, qui devint rapidement synonyme de laid dans leur conception des choses, qualificatif d’une architecture toute de dentelle de pierre, dans la conception des autres. C’est cette dernière qui, depuis, prédomine.

 

   Concrétisation ultime de cet engouement pour l’architecture médiévale, Horace Walpole se fait construire un château gothique sur la colline de Strawberry Hill. Ce sera d’ailleurs cet homme politique noble anglais, qui, le premier, réunira toutes les composantes qui font du roman gothique ce qu’il est, dans Le Château d’Otrante, qui paraît en 1764 : contexte idéalisé des croisades, exotisme - l’action se déroule en Italie-, architecture médiévale, surnaturel, malédiction, persécution, exacerbation des sentiments jusqu’à l’autodestruction et la mort. Considéré cependant comme un roman médiocre, Le Château d’Otrante a cependant le génie, pour ceux qui l’ont lu, et à titre d’exemple, de porter l’ambiance surnaturelle jusqu’à une dimension telle, que le lecteur voit et entend véritablement ce gant géant de mailles d’acier dévaler les escaliers de pierre en colimaçon du château.

 

   De notre côté de la Manche, ce sont des auteurs tels que Madame de Genlis, François Guillaume Ducray-Duminil, ou encore François-Thomas-Marie de Baculard d’Arnaud, qui s’essayent à la plume macabre. Ce dernier, d’ailleurs, inspiré par les Graveyards Poets anglais, littéralement les « poètes des cimetières », tels que Edward Young, reprend une version des Mémoires du Comte de Comminge de Madame de Genlis, pour en faire une crypte hantée par des symboles religieux et macabres. Le « genre sombre » est né.

 

   Ce sont, en Allemagne, à nouveau, les romantiques, qui viennent à courtiser le Moyen Âge et les ambiances toutes de ténèbres et de noirceur, à l’image du poète Friedrich Schiller, tandis que Goethe campe un Faust d’une noirceur sans égal tourmenté jusqu’à l’autodestruction. Cependant, pour ce qui est du roman gothique, ce sont des auteurs de second ordre qui lancent le « roman de l’effroi » (Schauerroman). Parmi eux, Christian Heinrich Spieb, Joseph Alois Gleich.

 

   Mais c’est encore en Angleterre que le roman gothique trouvera sa patrie de prédilection, en particulier sous la plume des femmes. Parmi celle-ci, Charlotte Smith (1749-1806) qui précède l’incontournable Ann Radcliffe, dont l’œuvre la plus remarquable en ce domaine reste Les Mystères d’Udolpho, 1794. Ces romans connaitront un tel succès, qu’ils demeureront pour la postérité le type même du roman gothique.  

Ann Radcliffe

   Ann Radcliffe

 

Aux sentiments exacerbés du romantisme s’ajoute une ambiance horrifique. Vathek, écrit en français par William Thomas Beckford, 1786, The Monk de Matthew Gregory Lewis, 1796, entre autres. La voie est ouverte à ce qui deviendra plus tard le genre fantastique, pourtant gothique, comme Frankenstein, 1818, qui propulsera Mary Shelley dans la postérité en tant que premier roman de science-fiction (aujourd’hui remplacé par anticipation). Pour preuve du succès du genre, mais aussi point de départ de son déclin, sa parodie par deux auteurs, dont Jane Austen, avec son Northanger Abbey, et Thomas Love Peacock dans Nightmare Abbey, tous deux parus en 1818 également.  

 

mary shelley

  

frankenstein Theodore von holst frontispiece to mary shelle

  

Mary Shelley (ci-dessus)

Frankenstein (à droite), gravure de 1831

  

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres auteurs parviendront, cependant, à faire perdurer le genre en Angleterre, malgré l’essor du fantastique, jusqu’au XXème siècle, notamment Charles Dickens, et Mervyn Peake. Le genre ne meurt pas, toutefois, bien que « roman gothique » ait été remplacé dans le langage par « roman fantastique », grâce à Robert Louis Stevenson, L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, 1886 ; Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1890 ; Bram Stoker, Dracula, 1897.

 stoker

  Bram Stocker

 

 On continue à y trouver les ingrédients du genre, qui sont aussi ceux du romantisme :

 

       L’environnement, conditionné par l’engouement pour l’histoire et le passé, comme ruines, cryptes, cimetières, paysages que la mélancolie rend époustouflants, landes brumeuses et autres châteaux hantés. L’exotisme, que ce soit Orient ou sud de l’Europe.

 

       Protagonistes récurrents : le représentant de la religion officielle, le tyran, le héro usurpé, la vierge persécutée fuyant pour son salut, le paria.

 

       Le contexte de l’intrigue : pacte démoniaque, fantôme réclamant que justice lui soit rendue, enfermement, supplices, meurtre, suicide.

 

En France, la découverte des romans gothiques d’outre Manche a conduit à un foisonnement d’œuvres qualifiées de « frénétiques », ou encore dites « roman noir », diffusant un certain goût pour le macabre et l’horreur. C’est ainsi que William Thomas Beckford, anglais, choisit la langue française pour écrire Vathek (1786), roman gothique frénétique, incluant des traits récurrents, à savoir, comme Faust, un héros payant amèrement le prix d’un pacte conclu avec le Diable en vue d’obtenir un certain pouvoir sur ses semblables.

 

Vathek vathek(1786),William Thomas Backford


Certains romans français écrits dans le but de parodier les maîtres du genre gothique que sont entre autres Lewis et Ann Radcliffe, sont devenus de véritables romans noirs, comme L’âne mort et la femme guillotinée de Jules Janin (1829).

 

   Ainsi, malgré son déclin dès la seconde moitié du XIXème siècle, le roman gothique perdure à travers l’œuvre des romantiques, tels que Victor Hugo, Balzac, Charles Dickens, Jules Verne, Goethe, tandis qu’avec leurs œuvres disparaissent des mémoires ceux et celles qui ont donné naissance au genre.

 

   De même, de jeunes écrivains contemporains semblent ressusciter le genre. C’est le cas notamment de Sire Cédric, artiste incontournable de la scène gothique française actuelle, dont les romans sont tour à tour qualifiés de gothique ou de fantastique.

the monk 

 The Monk de Matthew Gregory Lewis, 1796

  william-beckford

  William Beckford

 

     

 

Le cas Twilight

 

   Bien que connaissant un fulgurant succès chez les adolescents en reprenant et déformant des symboles gothiques, les livres de Stephenie Meyer, n’ont rien de tel, bien qu’ils en revêtent l’apparence. Son vampire est bien en-deçà de la profondeur et de la propension à l’autodestruction du Julien Sorel de Stendhal.

 

Là où les romantiques exacerbaient des sentiments dus à un questionnement profond sur le devenir de la condition humaine, elle n’exacerbe que des réactions émotionnelles résultant de futilités, les rendant ainsi pathétiques. Là où le Gothique est à contre courant de la société de consommation, l’auteure fait de ses écrits l’apologie de la superficialité de cette même société (les vampires sont d’éternels adolescents, conduisant de grosses cylindrées et des voitures de sport). Ainsi, son vampire n’est qu’un esclave de son monde, là où le vampire des gothiques est un maître asservissant le monde.

 

De même, ses loups-garous ne sont que de pales chiots de cirque dociles faisant la cabriole, bien loin de la condition dramatique et de la souffrance que sous tend la métamorphose torturante d’un être humain à une créature sans âme déchiquetant frénétiquement et se repaissant de la chaire crue de ses semblables.

 

Quant à son personnage féminin principal, d’une naïveté incroyable frôlant le pathétique, celui-ci n’a rien de l’héroïne gothique vierge persécutée par l’Inquisiteur ou un être maléfique, reflet de la pureté de la liberté de pensée entravée par les carcans de convenance de notre société liberticide. L’héroïne de Stephenie Meyer est quant à elle préoccupée par son apparence physique.

 

En effet elle ne cesse de répéter à l’envi qu’elle ne comprend pas comment un homme peut s’intéresser à une fille aussi physiquement banale. De plus, celle-ci souhaite renoncer à ses études pour suivre un garçon, plus jeune qu’elle. Régulièrement dans le roman, les conduites dangereuses en voiture ou en moto, qui sont supposées montrer une propension à l’autodestruction des héros, ne font in fine que montrer leur irresponsabilité ahurissante.

 

L’autodestruction chez les romantiques, c’est une lente agonie conduisant à l’anéantissement de soi par le suicide, seule alternative désormais possible à la souffrance humaine, traduisant celui d’une société axée sur les apparences et la superficialité, mais aussi par l’exécution publique, c’est-à-dire l’ultime victoire de cette même société sur un esprit libre. Dans le but de célébrer la Vie. En effet, il ne faut pas prendre le mot « suicide » au pied de la lettre.

 

Chez les Gothiques, héritiers du romantisme, le suicide est un symbole. C’est le long et inexorable cheminement les conduisant à l’anéantissement de leur liberté de pensée, de leur individualité d’esprit, de leur singularité humaine par leur assimilation dans une société standardisée, elle-même suicidaire.

 

Dans les romans de Stephenie Meyer, c’est l’immaturité qui est dressée en valeur. Ses héros sont les parfaits produits de notre société d’apparence. Ils ne luttent pas pour une cause noble, la liberté, la libération des peuples opprimés et asservis par un pouvoir usurpateur et asservissant. Ce sont des consommateurs aveugles, indifférents aux malheurs d’autrui, et insensibles au sort qu’ils infligent quotidiennement à notre planète.

 

Enfin, l’auteure ne cesse de faire le parallèle entre les turpitudes banales d’une adolescente et la profondeur du monument d’Emilie Brontë Wurthering Heights (traduit par « Les Hauts de Hurlevent » en français) ! Comment peut-on décemment comparer et mettre sur un même plan la tragédie de la condition féminine du XIXème siècle, avec les futilités d’une adolescente contemporaine qui ne manque de rien ? Si son but est d’inciter les adolescentes à lire des œuvres de ce genre, alors je suis pour, et son intention est louable. Seulement, les moyens utilisés dans ce but sont contestables.

 

Là où le roman gothique n’est que symbole mystique d’un questionnement touchant à des conceptions bien plus vastes que le seul individu, l’héroïne de Stephenie Meyer vit engluée dans un microcosme confortable et opulent dont la seule préoccupation est de savoir qui, du vampire soporifique ou du loup-garou machiste et crâneur la libèrera du fardeau de sa virginité, en guise de cadeau d’anniversaire pour ses dix-huit ans…

 

rose sanglante 1 

 

…et le Gothique créa le Fantastique …

 

   Le roman fantastique découle du roman gothique. De ce dernier, le genre fantastique a hérité de traits caractéristiques, tels que les fantômes, les vampires, ou encore le Diable, ainsi que l’atmosphère horrifique, propre au genre gothique.

 

   Le fantastique est un genre littéraire dans lequel fait irruption le surnaturel. D’après Tzvetan Todorov, théoricien de ce genre littéraire clairement, cependant, issu du roman gothique, « le fantastique ne serait présent que dans l’hésitation entre l’acceptation du surnaturel en tant que tel et une tentative d’explication rationnelle. En cela, le fantastique est situé entre le merveilleux (et son incarnation contemporaine, la fantasy), dans lequel le surnaturel est accepté et justifié car le cadre est imaginaire et irréaliste, et l’étrange, dans lequel il est expliqué et accepté comme normal. Contrairement à ces deux genres, le héros, comme le lecteur, à presque systématiquement une réaction de refus, de rejet ou de peur face aux évènements surnaturels qui surviennent » (Wikipédia)

 

   Comme toute théorie explicative, celle-ci a été contestée, bien que reconnue. En tout état de fait, le fantastique ne se définit pas toujours systématiquement comme un lieu où la peur prédomine soit dans l’esprit du héros, soit dans celle du lecteur telle que l’auteur souhaite le susciter. Cela dit, on retrouve la définition du fantastique telle qu’elle est généralement admise dans le cinéma dit de même genre. En effet, le fantastique demeure l’intrusion du surnaturel dans le réel, à l’image de « Sleepy Hollow, La légende du cavalier sans tête » de Washington Irving, ou l’intrusion d’un univers surréaliste parallèle et / ou incorporé dans le monde réel, selon les huit volets des aventures de Harry Potter, de J.K. Rowling, pour ne citer que ces deux exemples.

 

   De même, le fantastique se rapproche par certains aspects d’un autre genre littéraire, qu’est la science-fiction, dont le premier roman considéré comme tel, pourtant d’inspiration gothique, est le Frankenstein de Mary Shelley. Plus clairement et incontestablement admis comme roman de science-fiction, « la machine à remonter le temps » de H.G. Wells, car le héros voyage à travers le temps et l’espace grâce à une machine conçue dans ce but, c’est-à-dire une technologie inconnue de la civilisation au moment où l’intrigue a été écrite. Une technologie ne peut être qualifiée de surnaturelle, car elle est le propre de l’homme qui l’a créée grâce à des matériaux existants, et à des connaissances scientifiques acquises. Ainsi pourrait-on qualifier les ouvrages de jules Verne comme des romans de science-fiction. Cependant, on tend à dire de nos jours non plus romans de science-fiction, mais romans d’anticipation. En effet, la science-fiction représente une technologie qui non seulement n’existe pas encore, mais qui est impossible à réaliser un jour, alors que l’anticipation décrit une technologie qui certes n’existe pas encore, mais qui, du fait des avancées scientifiques est considérée comme possible et réalisable dans un avenir plus ou moins proche. Ainsi, peut-on affirmer que certains romans de Jules Verne sont des romans d’anticipation, car les technologies qui y sont décrites se sont aujourd’hui réalisées (l’homme a créé des fusées lui permettant de se rendre dans l’espace et a marché sur la lune, …).

 

   Cependant, une habitude contestable tend à classer systématiquement des romans anglo-saxons dans la catégorie fantastique alors qu’ils appartiennent au merveilleux, simplement parce qu’il n’existe pas dans le vocabulaire français le pendant du terme anglo-saxon fantasy. C’est le cas des récits de J.R.R. Tolkien.

Autre lien de parenté, celui du fantastique avec le « réalisme magique », genre littéraire spécifique à l’Amérique latine, dans lequel des éléments surnaturels sont incorporés à une intrigue qui elle est parfaitement réaliste. La nuance dans ce genre tient au fait que les intrusions surnaturelles y sont admises comme parfaitement normales et crédibles, ce qui le rapproche davantage du merveilleux que du fantastique.

 

   Le véritable roman fantastique naît dans l’Allemagne du début du XIXème siècle avec Adelbert von Chamisso puis E.T.A Hoffmann, qui s’inspire grandement du Moine de Lewis, et qui influencera durablement le genre. Toujours outre Rhin, le Faust de Goethe, figure gothique par excellence, écrit par un maître du romantisme allemand.

 

   Pour l’éternelle Russie, citons des références telles que Gogol. 

  gogol.jpg

  Gogol

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

En France, des personnalités s’essaieront au genre, comme Balzac, même si la finalité de ses écrits n’est pas d’effrayer le lecteur, mais plutôt de conduire à un questionnement sur la condition humaine, trait propre au caractère gothique. Autres personnalités françaises de renom, Théophile Gautier, Le Horla (1887) de Guy de Maupassant, étudié dans les collèges, ou encore Prosper Mérimée pour sa célèbre Vénus d’Ille (1837).  


  Guy de Maupassant

robert louis stevenson

 

 Guy de Maupassant (à gauche)  

Robert Louis Stevenson (à droite)

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

Côté américain, on ne pourrait passer outre Edgar Allan Poe, figure emblématique  du genre adulée par l’ensemble de la communauté gothique, également considéré comme un précurseur du roman policier, ainsi que Washington Irving, déjà cité plus haut.

 

Edgar Allan Poe  POE 1809-1849

   

D’autres personnalités du genre peuvent être citées comme Ivan Tourgueniev, plus tourné vers le fantastique populaire, Robert Louis Stevenson, Bram Stoker, Kafka, Stephen King ou encore Sire Cédric, qui s’inscrit davantage dans le roman gothique, ou encore H.P. Lovecraft, plus proche du roman dit d’horreur.

 

Pour en savoir bien plus sur le fantastique et ses aspects, et obtenir des références d’auteurs de diverses nationalités, il suffit de consulter la page Wikipédia, ici

 

 

… prélude à l’Horreur

 

L’horreur est considérée comme une variante du genre, qui combine les caractéristiques gothiques et fantastiques, notamment l’intrusion du surnaturel, les créatures telles que vampires, goules, fantômes, loups-garous, etc, dans une atmosphère chargée de peur exacerbée jusqu’à la terreur, le tout poussé au paroxysme. Le but est de générer un sentiment d’effroi chez le lecteur.

 

En se basant sur ces seules caractéristiques, un certains nombre de contes et de récits peuvent être classés dans cette catégorie, comme Hansel et Gretel par exemple, dont l’antériorité en fait l’un des premiers du genre. Comme tous les contes pour enfants, rappelons qu’à l’origine, ces récits n’étaient pas destinés aux enfants, mais aux adultes. Enjolivés pour les rendre accessibles à la jeunesse, ils sont à l’origine cruels et angoissants, à l’image de la société d’alors, chargés d’avertissements destinés à mettre en garde les adultes contre les dangers de leur quotidien, ainsi qu’à les responsabiliser et à les moraliser. A titre d’exemple, le Petit Poucet de Charles Perrault, écrit à la fin du XVIIème siècle, dans le contexte d’une grave famine.

Hansel-and-gretel-rackham Hansel et Gretel 

 

Plus proches de nous, les nouvelles d’Edgar Allan Poe sont empruntes d’horreur, faisant de l’écrivain une référence du genre. Avec le temps, le vocabulaire s’est enrichi dans le but de définir et compartimenter (comme se plaît à le faire notre société pour tout) chacune des variantes d’un seul et même genre littéraire qu’est le roman gothique. Il en résulte que les mêmes noms reviennent sans cesse dès que l’on cite des écrivains caractéristiques des genres gothique, fantastique, d’horreur et d’épouvante. Que ce soit Edgar Allan Poe pour ses nouvelles, Bram Stocker avec Dracula (1897), Mary Shelley avec Frankenstein (1818), ou encore Ann Radcliffe, pour ne citer que les plus connus, ils ont tous en commun, cependant, le fait d’être des écrivains de genre gothique. Ce n’est donc pas sans raison s’ils sont à ce point adulés, parmi bien d’autres, par les adeptes du romantisme noir que sont les Gothiques.

 

    Ce sous-genre du gothique, tout comme le fantastique, ou l’épouvante, est devenu un genre à part entière qui suit également une évolution propre et qui, à son tour, connaît des variantes.

 

Pour en savoir plus sur le genre horreur ainsi que sur son évolution, c’est ici

   

 

LE ROMAN GOTHIQUE, ENFANT TERRIBLE D’ANN RADCLIFFE


ann radcliffe-1 

Ann Radcliffe, de son nom de jeune fille Ann Ward, mère du roman gothique, est née le 9 juillet 1764 à Holborn et décédée le 7 février 1823 à Londres, suite à une détresse respiratoire probablement due à une pneumonie. Issue d’un milieu modeste, dont elle est fille unique, ses parents William Ward et Ann Oates tenaient une mercerie-chemiserie, la petite Ann grandit dans un environnement anglican, hostile au papisme, trait religieux qui imprègnera ses romans.

 

En 1788, elle épouse William Radcliffe, étudiant en droit diplômé de l’université d’Oxford. William quitte son travail pour se consacrer entièrement à la littérature, et devenir propriétaire du journal The English Chronicle. Seule et sans enfant pour occuper ses journées, Ann décide de se lancer dans l’écriture, d’abord comme passe-temps. Une occupation qu’encourage son mari, et qui débouchera en 1789 sur la publication de the Castles of Athin and Dunbayne, qui contient déjà les ingrédients du genre : châteaux lugubres, vierges héroïques, nobles au passé mystérieux.

 

Ses récits trouveront leur public dans l’aristocratie et la bourgeoisie féminine en particulier. En 1791, elle publie son premier roman, La Romance de la Forêt, qui connaît un succès immédiat. C’est cependant The Mysteries of Udolpho (Les Mystères d’Udolphe en français), publié en 1794, qui la propulsera au sommet, faisant d’elle la référence du genre.

  

   Ses ouvrages suivants sont accueillis avec intérêt et sa notoriété grandissante engendre de nombreux imitateurs, y compris sous forme de parodie, tels que Northanger Abbey, de Jane Austen ou encore Walter Scott.

 

En 1826 est publié à titre posthume Du surnaturel dans la poésie, « par la défunte Mme Ann Radcliffe », ouvrage recueillant ses réflexions sur son propre travail, véritable mode d’emploi du roman gothique.

 

Pour aller plus loin, voici un extrait de la biographie d’Ann Radcliffe, extrait tiré de l’encyclopedia universalis :

 

« Les cinq romans d’Ann Radcliffe sont un parfait reflet de l’esthétique de son époque : on y retrouve le goût des ruines, de l’architecture gothique et des paysages pittoresques, ainsi que les épanchements sentimentaux. Le Roman de la forêt (The Romance of the Forest), son premier livre, paraît en 1791 - la même année que la première Justine de Sade - mais ce sont Les Mystères d’Udolphe (The Mysteries of Udolpho, 1794) qui résument le mieux la recette radcliffienne : une jeune fille fuit ses persécuteurs à travers châteaux, souterrains, grottes et forêts, et finit par triompher de tous les dangers. L’originalité de l’auteur est de créer une atmosphère ténébreuse propice à tous les drames, et, plutôt que d’insister sur la psychologie des personnages, de décrire les architectures et les lieux labyrinthiques dans lesquels l’héroïne doit se débattre. Les évènements surnaturels sont tous expliqués rationnellement à la fin du roman, ce qui déçoit le lecteur, un peu agacé de s’y être laissé prendre, mais les convictions religieuses d’Ann Radcliffe lui interdisent d’encourager la superstition, […] »

AnnRadcliffe

La suite est sur Encyclopedia universalis

 

Pour en savoir plus sur Ann Radcliffe, c'est ici

Sur Les Mystères d'Udolphe, c'est ici 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :